SAUL LEITER (1923 - 2013)

DANIEL MASCLET
Né à Pittsburgh, Saul Leiter délaisse vite ses études pour rejoindre New York dans les années 1940 et y réaliser ses premières photographies de rue qui seront exposées au MoMa en 1953 et 1957. Il continuera d'y arpenter les rues pendant plus de 20 ans, mais c'est comme photographe de mode (chez Harper's Bazaar entre autres) qu'il gagnera sa vie. Son œuvre personnelle n'a été redécouverte que dans les années 90 et ce n'est qu'au cours des années 2000 que sa carrière prit vraiment un nouvel essor. Photographe de rue dont les clichés ne véhiculaient aucun message social ni politique, pionnier de la couleur mais aussi alchimiste des formes dans sa photographie noir et blanc, photographe mais peintre dans l'âme, admirateur de Cartier-Bresson mais ne s'intéressant qu'aux moments indécis et fugaces où rien ne se passe: l'homme n'en est pas à un paradoxe près.
Celui que l'on a qualifié de “glâneur de couleurs”, “iconoclaste tranquille”, “maître coloriste” ne cherchait ni la notoriété, ni le succès commercial. Ses clichés jouent avec les reflets, les transparences, la complexité des cadrages, les effets de miroir, et une exceptionnelle maîtrise de la couleur pour créer un univers à la fois poétique, onirique, plein de douceur et de mélancolie. Il nous fait regarder le monde et voyager, sans presque jamais quitter son quartier de New York.

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Citations

  • J’ai passé une grande partie de ma vie en étant ignoré. J’en étais très heureux. Etre ignoré est un grand privilège. C’est ainsi que j’ai appris à voir ce que d’autres ne voient pas et à réagir à des situations différemment. J'ai simplement regardé le monde, pas vraiment prêt à tout, mais en flânant.
    “Saul Leiter” Catalogue d'exposition - Steidl - janvier 2008
  • Je n'ai pas une philosophie. J'ai un appareil photo. Je regarde dans la caméra et je prends des photos. Mes photographies sont la moindre parcelle de ce que je vois et qui pourrait être photographiée. Elles sont des fragments de possibilités infinies.
  • Souvent, je sors pour marcher autour de chez moi. Beaucoup de photographies sont prises dans mon quartier, autour de mon bloc. Il me semble que des choses mystérieuses peuvent arriver dans des lieux familiers. On n’a pas toujours besoin d’aller courir le monde.
    “Saul Leiter” Catalogue d'exposition - Steidl - janvier 2008
  • Je suis sensible à une certaine ambiguîté dans la photographie, ne pas être certain de ce que l’on voit... Lorsqu’on ne sait pas pourquoi le photographe a pris une photographie, que l’on ne sait pas pourquoi on la regarde, et puis subitement, on découvre quelque chose, on se met à voir. J’aime cette confusion. “Saul Leiter” Catalogue d'exposition - Steidl - janvier 2008
  • C’est triste aussi de voir comme certains photographes ne pensent qu’à eux. Il y a quelques années un jeune reporter vient me voir. Il revenait d’Irak. Il me dit que c’est là-bas qu’il faut être pour booster sa carrière et qu’être un photographe de guerre est le moyen de se faire connaître et reconnaître. Mais pourquoi donc penser à soi lorsqu’il y a un tel drame? Il me parlait de son projet de livre et de la beauté des images sur des scènes terribles... Il y a quelque chose qui m’échappe dans ce comportement.
  • Certains photographes pensent que, en prenant des photos de la misère humaine, ils se penchent sur un problème grave. Je ne pense pas que la misère est plus profonde que le bonheur.
    “Saul Leiter” Catalogue d'exposition - Steidl - janvier 2008