MARIO GIACOMELLI (1925 - 2000)

MARIO GIACOMELLI
Nè en 1925 au sein d'une modeste famille dans le petit village de Senigallia. À l'âge de treize ans, il y entre comme apprenti dans une petite imprimerie, dont il deviendra propriétaire. Peintre et poète, il découvre la photographie en 1954. Mario Giacomelli est resté attaché à sa terre. L'humilité et l'abstraction des êtres, des choses, des paysages le fascinent. Son activité d'imprimeur a développé en lui un goût pour l'effet graphique, qui joue un rôle primordial dans son œuvre: ses paysages se décomposent en lignes noires, géométriques. Ses portraits semblent coupés au scalpel. Les ombres sont omniprésentes, trouées par des traits de lumière – rayons du soleil ou coup de flash, pour faire ressortir le visage d'une vieille flottant comme un bateau sur la mer blanche des draps, l'enfant quasi adulte sur la blancheur du chemin, le jeu des prêtres dans la neige... Il nous transmet son rapport aux éléments du paysage, sa révolte contre l’injustice sociale, son anxiété face au vieillissement et la mort. Sa manière est noire, violente et primitive, souvent tragique mais parfois aussi d'une étonnante tendresse. Lui qui ne s'est guère éloigné de son pays a été récompensé par de multiples prix, et a acquis une renommée internationale largement méritée grâce à des expositions en Europe, aux Ètats Unis et au Japon. Il est décédé à Senigallia en 2000..
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Citations

  • Une photographie n'est pas faite seulement de ce que tu vois, mais aussi de ce que ton imagination y ajoute. Un autre y verra peut-être autre chose. Mais est-ce important qu'on y voie une chose plutôt qu'une autre ? Ce qui compte est le contact entre les hommes, le fait que nous parlions des feuilles qui tombent, des objets qu'on piétine sans s'en apercevoir, de cette maison qui meurt, tout doucement, abandonnée par son propriétaire.
  • Ce qui m'intéresse, ce sont les signes que trace l'homme sans le savoir, mais sans faire mourir la terre. Ce n'est qu'alors qu'ils ont un sens pour moi, ils deviennent émotion. Finalement, photographier, c'est comme écrire : le paysage est plein de signes, de symboles, de blessures, de choses cachées. C'est un langage inconnu que l'on commence à lire, à connaître au moment où on commence à l'aimer, à le photographier. Ainsi, le signe devient voix : il m'explique certaines choses. Pour d'autres par contre, il reste une tache.
  • Pour moi, ce qui compte est de créer cette atmosphère. De m'enfermer dans cette espèce de boîte, en contact avec ce petit monde, vivre ce qu'ils vivent, être comme eux. Pendant toute une année, j'y suis allé sans appareil, pour qu'ils s'habituent à moi sans sentir mon engin braqué sur eux. Je suis devenu comme un vieux parmi les autres.
  • J'ai découvert que la photographie me permettait de faire des choses plus fortes. La photographie ne crée pas, bien sûr, et elle ne sait pas dire tout ce qu'on veut. Mais elle témoigne de notre passage sur cette terre, comme un carnet de notes. J'ai découvert aussi que cet instrument que j'avais cru mécanique et froid, permet de saisir des vérités qui échappent à d'autres techniques

  • Toutes les citations: “Entre Vues” Frank Horvat, Éditions Nathan, Paris, 199o.