ROBERT DOISNEAU (1912 - 1994)
Un des photographes français les plus populaires d'après-guerre. Son sujet: Paris, ses faubourgs et ses habitants. Au travers de ses images, il raconte son époque
avec un amusement tendre et bienveillant qui ne doit toutefois pas masquer une profondeur de réflexion, une réelle insolence face à l'autorité et un irréductible
esprit d'indépendance.
"Doisneau a réussi à traduire dans de nombreux clichés l’âme du peuple, sans démagogie, sans voyeurisme aucun, mais avec
une constante empathie. Il me semble qu’il a toujours fui la notion de pittoresque, ce travers si séduisant pour qui s’aventure sur certains terrains. Les photographies de Doisneau ne
dégradent jamais leurs sujets. Elles les présentent. Elles cernent leurs natures […]." – (Philippe Claudel, catalogue de l'exposition Robert Doisneau, Serge Domini
Éditeur, Ars-sur-Moselle, 2011)
Il laisse derrière lui quelques 450 000 négatifs...&
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Citations
- Pendant longtemps, oui, mes photos étaient une petite histoire fermée.
Mais maintenant, je cherche à faire autrement. Il me semble plus utile de suggérer. Il y a un commencement, mais la fin, c'est celui qui regarde la photo qui va
l'imaginer.
Le regard de la tendresse Entretien pour L'Express avec Sophie Lannes 1982 - La qualité d'un photographe doit être l'espoir du miracle contre toute logique.
Une espèce de foi dans l'heureux hasard. N'importe quoi peut arriver au coin d'une rue. Je me fais un décor, un rectangle et j'attends que des acteurs y viennent jouer je
ne sais pas quoi.
Méthodes entretien avec Pascale Charpentier ( Agora France Culture) 1988 - Je me sens le devoir d'arracher l'étiquette de flâneur papillonnant que l'on m'a collé sur le dos. La réalité est plus prosaïque, pour assurer
l'opération survie il m'a fallu obéir à des demandes rarement exaltantes et exécuter gaiement. Toutefois l'employé modèle, introduit dans des
endroits interdits au public, gardait un œil oblique et ne perdait pas une occasion de saisir une image aguichante passant dans les environs.
Un Certain Robert Doisneau, Éditions du Chêne, Paris, 1986 - Maintenant le comble de la maladresse est de parler de patience; et pourtant il n'y a pas d'autre méthode pour apprendre à apprivoiser le hasard heureux dont la
complicité est indispensable. Avoir de la patience ce n'est pas payer trop cher le bonheur d'être un instant le témoin stupéfait d'une harmonie que l'on
ne prévoyait pas.
Pour la Liberté de la Presse – Reporters Sans Frontières, Paris, 2000. - Il est des jours où l'on ressent le simple fait de voir comme un véritable bonheur; on est léger, léger; les flics arrêtent les voitures pour
vous laisser passer. On se sent si riche qu'il vous vient l'envie de partager avec les autres une trop grande jubilation. (...). Le souvenir de ces moments est ce que je possède
de plus précieux. Peut-être à cause de leur rareté. Un centième de seconde par-ci, un centième de seconde par-là mis bout à bout,
cela ne fait jamais qu'une, deux, trois secondes chipées à l'éternité.
Pour la Liberté de la Presse - Reporters Sans Frontières, Paris, 2000.